Une histoire... la mienne
<p>Aujourd'hui adulte, elle se souvient</p>
Aujourd'hui adulte, elle se
souvient...
Assise dans son rocking-chair, devant la fenêtre
où la pluie martèle, elle se souvient...
C'est
la veillée de Noël qui suit ses huit ans.
Sa maman et
sa soeur sont à l'église.
Il s'occupe
d'elle...
Elle ne garde que peu de souvenirs de sa vie
d'Avant, avant cette terrible nuit de gaité pour tous les
autres, avant Lui.
Elle se souvient de rares moments de joie, de
rares éclats de rire, puis Il a tout occulté, tout
noirci... tout détruit!
Elle revient sur cette fameuse
nuit.
Elle se souvient de cette ambiance de fête, de l'odeur
du délicieux repas qui attend la fin de la messe pour être
englouti dans les rires et l'effervescence qui précède
l'ouverture des paquets.
Elle se souvient de la décoration
exacte du sapin, du papier autour des cadeaux dans les moindres
détails... détails d'une banalité troublante
mais si précis.
Elle L'entend s'affairer au salon. Que
fait-il ?
Peut-être dresse-t-Il le couvert ?
Peut-être
positionne-t-Il quelques derniers paquets ?
Elle se lève
de son lit et se faufile jusqu'au salon, aussi discrète qu'une
toute petite souris...
Elle passe la tête par l'encadrement
de la porte... en espérant ne pas se faire voir. Elle ne croit
déjà plus au Père Noël et Il le sait,
puisque c'est Lui qui a brisé cette partie d'enfance l'année
précédente.
Il est devant le sapin.
Il relève
la tête et la voit.
Puis son regard change, il s'emplit de
hargne et de ténèbres.
Elle court dans son lit,
espérant, malgré toute certitude du contraire, qu'Il ne
l'a pas vue...
Il la rattrape au passage, par ses longs cheveux
qui dansent jusque dans le bas de son dos dans cette course
effrénée.
Sous le choc de cet arrêt inattendu
elle hurle et vacille.
Il la jette à terre et commence à
la rouer de coups, Il l'insulte, la menace...
-"Petite
sotte, que fais-tu debout ? Tu devais rester couchée! Tu ne
sais rien faire correctement ! TU N'ES RIEN!"
Elle
se recroqueville et pleure.
Que se passe-t-il ?
Pourquoi
fait-Il cela ?
Pourquoi?
Puis Il la traine par les cheveux
jusqu'à sa chambre, jusqu'à son lit...
La
chambre elle aussi est décorée pour l'occasion.
Un
ange veille au dessus de son lit... Quelle ironie.
Elle se
souvient de son râle, de sa sueur, de sa puanteur... une odeur
mêlée d'Eau Sauvage et de cigare.
Encore aujourd'hui
cette odeur lui fait vomir ses tripes.
Elle se souvient
d'avoir étouffé sous Lui.
Elle se souvient de la
douleur, de la honte...
Puis du vide.
Elle est à
nouveau adulte.
A nouveau blottie dans son rocking chair devant
sa fenêtre...
Le regard vide.
Dès qu'elle se
souvient de Lui, elle perd toute sa substance, ses sentiments, sa
vie...
Elle est un masque, une ombre... l'ombre de celle
qu'elle aurait pu être.
Elle aurait pu être
heureuse.
Elle aurait pu être joyeuse.
Elle aurait pu
aimer vivre et sourire.
Une main lui frôle la nuque.
Elle sursaute... est-ce Lui?
Non c'est celui qu'elle a
choisi d'aimer.
Celui qui l'a acceptée comme elle
était...
Parfois éclatante et souriante.
Parfois
sombre, triste et mélancolique.
Parfois le regard vide et
souvent silencieuse...
Parfois gloutonne de lui.
Parfois
inerte dans ses bras.
Celui qui l'aime et qui pourtant ne sait
rien de ses fêlures et de sa vie.
Celui qui ne sait
rien.
Elle le regarde, lui sourie et soupire.
Un jour
peut-être mais pas maintenant.
Comment lui dire?
Comment
pourrait-il encore l'aimer après?
Un jour peut-être
mais pas maintenant.
Maintenant, ses souvenirs
reviennent...
Maintenant, elle a treize ans.
Elle a treize
ans et plus de souvenirs de ces cinq années... Du moins c'est
ce qu'elle dit!
Elle a treize ans et n'en peux plus de subir.
Elle
a treize ans et veut redevenir maitresse de sa vie.
Le monstre
n'est pas encore sorti de sa vie.
Elle a treize ans et ouvre
impassiblement l'armoire à pharmacie.
Elle a treize ans et
prend les boites, la bouteille d'eau et s'installe...
Elle
s'installe pour prendre les comprimés.
Tous.
Méthodiquement.
Jusqu'à ce que son estomac la supplie d'arrêter.
Mais
elle continue et ne s'arrête qu'au bord de cette nausée
qui l'empêcherait de poursuivre son but.
Elle a treize
ans et a choisi de mourir.
Elle a treize ans et ne veut plus
subir...
Et pourtant.
Alors que son esprit s'égare,
embué par les médicaments qui commencent leur oeuvre,
elle se souvient...
Elle se souvient de ce Noël de ses
huit ans.
Elle est trainée par Lui jusqu'à son
lit.
Elle se débat mais Il la maintient fermement.
Elle
se débat mais Il lui fait mal.
Elle se débat mais Il
est fort.
Il la maintient d'une main, par les cheveux.
Il
la maintient d'une main et lui relève ainsi la tête, la
faisant presque décoller de terre.
Il la maintient d'une
main et de l'autre enlève son ceinturon.
Elle pense
qu'il va à nouveau la frapper.
Elle pense qu'il va encore
assouvir sa soif de violence sur elle.
Plusieurs fois déjà,
elle eu la disgrâce de gouter ce ceinturon.
Une fois, il
l'avait battue jusqu'au sang... Puis l'avait obligée à
se rendre à la piscine, les cuisses encore
sanguignollantes...
Mais il n'en fait rien.
Il ôte
son ceinturon et le jette à terre.
Il ôte son
ceinturon et défait le bouton de son pantalon.
Il ôte
son ceinturon et défait la fermeture éclaire.
Il ôte
son ceinturon et fait tomber son pantalon le long de ses
chevilles...
Elle se débat toujours.
Il la maintient
de plus en plus fort.
Elle essaye de parler.
Il la
gifle.
-Ouvre la bouche! Lui
crache-t'Il à la figure...
Ouvre la
bouche c'est un ordre!
Elle n'obéit pas.
Elle
refuse.
La première fois qu'elle Lui dit NON pour quelque
chose.
La première fois qu'elle se rebelle.
Elle
n'obéit pas et ça Le met encore plus en colère.
Elle
n'obéit pas et Il ne le supporte pas.
L'obéissance,
la discipline, la soumission.
Voila ce qu'il lui a
appris...
-Soit,
qu'il en soit ainsi...
Souvient toi bien de tout, ce n'est qu'un
début... Lui promit-il
dans un murmure rauque.
Il tire un peu plus fort sur ses
cheveux.
Il lui pince le nez afin qu'elle ouvre la bouche.
Elle
ferme ses yeux inondés de larmes amères.
Elle
tremble puis s'abandonne à la cruauté.
Elle le
sent s'enfoncer brutalement en elle.
Elle le sent
profondément.
Elle ne peut plus respirer.
Elle
étouffe.
Elle songe que si elle meure elle n'aura plus
mal.
Elle a des hauts le coeur.
Il continue à
s'enfoncer, de plus en plus loin.
Elle ne se maitrise plus et
vomit sur lui alors qu'il se répand en elle.
Les douze
coups de minuit retentissent...
La fin de la messe.
Sa soeur et
sa mère seront bientôt là.
Il la jette
violemment contre l'armoire.
Elle grelote et se sent
partir...
Les douze coups de minuit...
Puis elle
revient soudainement à elle.
Elle a de nouveau treize
ans.
Elle a de nouveau treize ans et prend conscience qu'elle veut
vivre.
Elle a de nouveau treize ans et veut se battre...
Elle
se traine jusqu'au téléphone et appelle les
secours...
Elle fait le numéro et sombre...
Aujourd'hui
adulte elle se souvient.
Elle est toujours assise auprès de
sa fenêtre, dans son rocking chair.
La pluie se fait encore
plus drue.
Son coeur bat à tout rompre.
Depuis
combien d'années ne s'était-elle plongée dans
ces souvenirs, ses souvenirs?
Ses yeux se voilent.
Elle se
souvient.
Elle se souvient de son réveil à
l'hôpital, alors âgée de treize ans.
Elle est
encore sous le choc de ce rêve, de ce souvenir de ses huit
ans.
Elle a du mal à respirer.
Elle a à nouveau
l'impression de s'étouffer.
Elle panique.
Un homme
habillé de blanc s'approche.
-Chuttttt,
doucement.
Tu es branchée sur un respirateur.
Attends,
je vais t'en débarrasser.
Voila...
-Qui
êtes-vous?
-Ton ange
gardien... Depuis un peu plus de trois jours maintenant.
Pourquoi
as-tu fais cela?
Elle se retourna sur son lit, autant
que les perfusions le lui permettaient.
Comment expliquer?
Comment
expliquer que lors du divorce de ses parents le juge n'a pas voulu
l'écouter?
Comment expliquer qu'un week-end sur deux et la
moitié des vacances scolaires elle est seule avec un
monstre?
Comment expliquer qu'à treize ans elle n'a déjà
plus de vie?
Elle soupire.
Elle l'entendit sortir, doucement,
en lui disant qu'il n'est pas pressé, mais qu'il faudra bien
parler.
Elle se rendort, lasse.
La sonnerie du téléphone
la tire d'un sommeil sans rêve. Le premier depuis
longtemps.
Elle décroche, encore abrutie de sommeil.
C'est
Lui...
-Pauvre incapable!
Tu n'as
jamais été foutue de faire quoi que ce soit
correctement!
Même te foutre en l'air tu n'y es pas
arrivée!
Tu n'es bonne à rien!
Tremblante,
en larme, elle raccroche.
Deuxième geste de
rebelion.
Comment allait-Il le lui faire payer?
Elle
regretta de s'être réveillée... L'ange n'aurai
pas du la veiller.
Elle aura toujours huit ans, sauf si...
Oui,
elle aurait toujours huit ans sauf si elle décidait de
reprendre sa vie en main.
Allongée là dans son lit
d'hôpital, dans cette chambre à la peinture verte
couleur eau en fin de vaisselle, elle pris une décision.
Elle
décide que désormais elle s'appartiendra, qu'il ne la
touchera plus.
Son corps change, elle a treize ans et son
corps devient celui d'une jeune femme.
Ses courbes sont délicates
et elles attirent déjà les regards de convoitise.
Ce
jour là dans son lit d'hôpital elle décide
qu'elle offrira désormais son corps à ceux qui le
voudront. Elle ne sera plus sa propriété, elle ne sera
plus son "privilège".
Allongée dans
son lit d'hôpital, dans cette chambre aux couleurs de vomis
elle se revoit à huit ans.
Elle se revoit la nuit de
noël, quand sa soeur et sa maman sont rentrées de
l'église, radieuses à l'idée de cette soirée
de fête.
Elle se revoit mortifiée, le visage bleuie
par les coups, déformé par la violence de son
père.
Elle se revoit morte de honte, n'osant pas les
regarder dans les yeux, à l'idée qu'elles ne lisent en
elle.
Elle regarde sa soeur et se demande si elle sait, si elle
subit cela aussi.
Elle regarde sa maman, ne voit-elle rien?
Oui,
sa maman...
Aujourd'hui adulte elle se souvient.
Elle se
souvient de cette femme, sa maman, battue, humiliée et
maltraitée pendant vingt-et-un ans.
Elle se souvient de
cette femme qui prenait des coups de pieds dans son ventre de femme
enceinte.
Elle se souvient de cette femme qui fermait les yeux sur
les violences subies par ses filles pour se protéger.
Elle
lui en a voulu, si souvent, si fort...
Elle lui en a voulu de
n'avoir rien pu faire.
Elle lui en a voulu d'être malgré
tout restée avec cet homme, son géniteur, et de l'avoir
eue.
Elle lui en veut toujours d'avoir sombré dans
l'alcool après son divorce.
Elle lui en veut encore de ne
pas en sortir malgré les enjeux.
Elle se souvient de
cette nuit de noël de ses huit ans et de sa maman la regardant
et lui demandant:
-"Mais qu'as-tu
donc encore fait pour le mettre en colère?
Elle
se souvient de l'odeur de vomi entêtante, du regard de sa mère
sur elle et de sa honte.
Elle se souvient s'être tue et
avoir détourné le regard... Comme elle fera tant de
fois encore.
Puis son esprit s'égard et se perd à
nouveau dans les méandres de ses souvenirs.
Elle a
quatorze ans maintenant.
Elle vient d'entrer au lycée,
section littéraire puisque son géniteur voulait qu'elle
fasse une filière scientifique... Tous ses actes sont en
rebellion de ses volontés à lui.
Voila
maintenant un an qu'elle a pris la décision de reprendre sa
vie en main, un an qu'elle prépare sa revanche.
Pour
commencer, elle est devenue végétarienne, elle ne
supportait plus ce qui avait la texture de la viande dans sa
bouche.
Maintenant qu'elle est au lycée, elle décide
de mettre son plan en action et de s'offrir aux hommes.
Elle
découche pour la première fois.
Pour la première
fois, elle ne sait pas quoi faire, elle ne connait que la violence,
la brutalité et la honte...
Comment fait-on?
Qu'est-ce
que le plaisir?
Oui, c'est décider, au-delà de
sa vengeance, elle partirait à la quête de son
plaisir... Tout en faisant souffrir les hommes.
Tout est en
marche maintenant, tout.
Les petits copains? Non, elle n'y
a jamais pensé, elle ne recherchait pas l'amour, juste la
vengeance.
Elle ne se trouve pas belle, elle ne s'est jamais
trouvée belle... Le regard des hommes sur elle est toujours
resté un mystère.
Ils sont si faibles, il est si
facile de les charmer...
Elle ne savait pas comment s'y
prendre mais a très vite appris...
Sous ses bustiers
gothiques et ses longues robes, derrière ses yeux verts et
noisettes, sous ses cheveux roux flamboyants... Elle est devenue une
prédatrice...
Ses attitudes, ses regards, ses paroles...
Tous y succombaient... Pourquoi?
Ses proies étaient de
tous âges et de tous milieux...
De ses souvenirs émergent
des étudiants, un avocat, son prof de philosophie... Des amis
aussi...
Trop pour se souvenir de tous, trop pour les
compter.
Rencontrés dans la rue, dans un bar, à une
soirée, dans une boite...
Consommés sur un parking,
dans des toilettes, sous des tables, dans des lits, sur des
sols...
Séduire, ensorceler... Mettre à genoux
et détruire...
Six années de débauche et
d'excès en tous genres...
Six années au milieux
desquelles une lumière... Celui dont elle apprendra tout sans
aucune attache.
Le frère d'un ami, de dix ans son ainé,
en ménage... Qu'importe, cela ne la concernait pas.
Oui,
elle se souvient de lui...
Elle fut sa maitresse durant trois
longues années...
Trois années de liberté,
de passion et de désir...
Le désir, enfin. Le
plaisir aussi.
Trois années avant qu'il ne gâche tout
en tombant amoureux d'elle... Du moins avant qu'elle ne s'en
aperçoive.
Une dépendance aux corps et aux
âmes... Voila ce qu'elle était devenue.
Mais à
trop vouloir jouer, le jasmin s'est flétrit.
Aujourd'hui,
quand elle regarde en arrière, quand elle se souvient de celle
qu'elle a été... Elle pleure.
La honte qu'elle
ressent est un étau qui lui brise les os au confin de ses
nuits.
A vouloir se venger, à vouloir se sauver... Elle
s'est perdue.
Ses souvenirs sont confus, cette période
est aussi trouble pour elle que cette nuit de noël... Le noël
de ses huit ans, prémices d'une vie de doute et de
souffrance...
La prise de conscience de sa condition fut
brutale.
La chute fut infernale.
Elle se souvient de ces
journées à pleurer et à ne pas avoir la force de
faire cesser tout cela.
Elle tentait de se détruire par
tous les moyens.
Puis un jour, elle cessa simplement de
s'alimenter. Elle ne prit pas conscience de suite de cela... Juste
des oublis, pensait-elle.
Puis les oublis s'accumulèrent.
De plus en plus.
Ils s'accumulèrent jusqu'à ce
jour où elle s'effondra, tout simplement.
L'ambulance,
les urgences, le centre de soins, le gavage par sonde...
Tout cela
dans le but de reprendre quelques grammes... Elle n'avait jamais
voulu maigrir, juste voulu mourir.
Le silence.
Tout le
monde tente de la faire parler, personne n'obtient rien d'elle.
Ce
n'est pas ici qu'elle pourra mourir.
Alors pour leur faire
plaisir, elle fait semblant de relever la tête et de se
battre.
Oh oui, elle se bat, mais pas pour avoir une meilleure
opinion d'elle ou pour sourire à nouveau... Elle se bat pour
sortir de ce lieu et qu'on la laisse tranquilement poursuivre sa
déchéance.
Plusieurs mois s'écoulèrent
ainsi sans que rien ne transpire de sa vie.
Puis un jour, à
nouveau la liberté.
A nouveau ce jeu de faire
semblant.
Besoin de fuir... Loin.
Elle se souvient
d'avoir traversé des mers et échoué sur une île
pour échapper à une vie de murmures.
Pouvoir
être une autre, échapper aux rumeurs et à l'enfer
qu'elle avait bâti autour d'elle.
Se regarder dans
un miroir...
Le quotidien, geste banale. Et
pourtant...
Lorsqu'elle se regarde dans un miroir, elle ne
soutient pas son regard.
Elle revoit les souillures, les insultes,
les coups... Celle qu'elle est devenue par la suite.
Avec la
prise de conscience sont venues l'analyse et la compréhension
de ses souffrances... Et dominant tout cela, la culpabilité,
le secret, le mensonge...
Comment être heureuse et
sourire enfin?
Comment revivre?
Elle a pensé à
la justice.
Tous ces certificats médicaux, toutes ces
hospitalisations...
Ses amis, ses professeurs, ses voisins...
Tout le monde fermait-il les yeux sur sa condition?
Fermé
les yeux sur les cris?
Fermé les yeux sur les bleus?
Fermé
les yeux sur les larmes, les silences et les regards vides?
Des
autruches, tous autant qu'ils étaient.
Elle avait été
l'objet de la colère de son père... Du machisme d'un
homme qui ne voulait que deux enfants, qui avait eu deux filles...
Elle était la dernière, avec elle s'éteignait le
nom...
Que de souffrances pour une naissance dont elle n'était
qu'une protagoniste innocente...
Elle a éteint son nom,
de toutes la manières possibles... Notamment par l'adoption et
cette fantastique loi de l'an Deux Mil Deux.
Et pourtant, La
culpabilité est toujours là, comme un épais
brouillard qui lui vole encore beaucoup de ses sourires.
Aujourd'hui
vit sur un autre continent Celui qui est désormais un inconnu
pour elle... Elle a disparu, n'as pas laissé de traces.
La
justice l'aurait replongée dans toute cette horreur... Les
viols, le sang, la débauche. Tant de choses auxquelles elle
voudrait ne plus penser, ce qu'elle ne veut raconter, dévoiler...
Ses souffrances, son enfer, son enfance.
C'est une page qui
doit se tourner.
Elle en gardera toujours des séquelles,
mais petit à petit, les sourires reviendront...
Dans
cette vie ou dans une autre.
Elle fut tant de personnes, tant de
portraits que les autres dressaient d'elle.
Elle fut tant de
masques... Jamais vraiment elle.
Qui est-elle?
Le
passé, une page tournée, le moment de devenir une
autre, un nouveau mystère, une nouvelle énigme...
Son
prochain sourire la regarde:
-
"Maman?" Cherche-t'il à
comprendre avec son petit air curieux.
-
"Ce n'est rien mon coeur... Viens jouer." Souffle-t'elle dans un sourire en essuyant une larme...
-
"Ce n'est rien..."